Il fut un temps où les places publiques bruissaient de cris et de débats, où l’écho d’une idée enflammée pouvait traverser les siècles. Ces temps sont révolus. En Europe, ce grand théâtre où jadis la conscience citoyenne avait pris l’habitude de se faire entendre, au point d’inspirer d’autres nations pris dans l’étau totalitaire à se libérer, la scène semble désormais vide. Un peu par ignorance, un peu par indifférence, mais surtout par une forme plus insidieuse de paralysie : la démission éclairée.
Le paradoxe est là, étouffant, grotesque. Jamais nous n’avons eu autant accès à l’information. Jamais la manipulation n’a été aussi visible, presque ostentatoire, comme si ceux qui tirent les ficelles n’éprouvaient plus le besoin de se cacher. Les dirigeants orchestrent des symphonies d’opacité et d'incompétence en plein jour, et pourtant, les salles de conférences où l’on tente de décortiquer leurs desseins se vident lentement, après « les années Covid » où la foule se précipitaient écouter des orateurs courageux et avertis.
Et pour cause : non seulement ces espaces peinent à mobiliser aujourd’hui le public, mais ils sont également la cible d’une guerre silencieuse. Sous le poids de pressions toujours plus insistantes, certains acteurs médiatiques se chargent de discréditer ces initiatives. Ces débats publics, pourtant essentiels pour nous éclairer et nous donner les moyens de reprendre notre pouvoir, sont étiquetés, dénigrés, ou purement insultés, comme les intervenants plus que respectés de notre colloque sur le climat dépolitisé le 1er décembre à Nyon, attaqués sans vergogne par des élus de gauche (Verts), qui, contre toute attente, plutôt que défendre l'expression de la diversité des opinions, apostrophent les autorités pour la faire museler. L’espace public, pourtant sacré dans une démocratie, devient un champ de bataille où la liberté d’expression se heurte à des obstacles aussi discrets qu’efficaces.
Tout le monde s’en doute, mais…
Les citoyens sont de plus en plus nombreux à se sentir abusés par les autorités locales et internationales, mais curieusement, plutôt que de travailler ensemble à faire lever le rideau du mensonge, ils préfèrent le repli du canapé ou répondre au plus urgent dans leur vie quotidienne. Les forums où l’on débat de gouvernance mondiale, de la confusion des grands enjeux de notre temps (on parle avec obsession de "réchauffement climatique" en faisant passer sous silence les vraies problématiques environnementales), sont désertés avec une régularité inquiétante. Cette défection impacte les organisateurs de débats publics, comme Planetpositive, qui s’engage depuis trois ans à promouvoir le bouillonnement des idées, l'émergence d’une société souveraine, consciente et libérée des artifices de propagande.
Et là réside la véritable tragédie : le public sait. Partout où je passe, je parle aux gens, de la caissière à la Migros au facteur, au professeur d’université, médecin ou cueilleur de pruneaux, en passant par les étudiants et les employés communaux. Non seulement le citoyen lambda sent que quelque chose ne tourne pas rond, mais il sait aussi qu’il aurait, en théorie, les moyens de reprendre le contrôle. En théorie. Dans la pratique, il s’est résigné à jouer le rôle de spectateur, regardant passer le train de son destin, trop las pour en prendre les commandes, trop fatigué pour rêver à autre chose qu’à une survie confortable.
Nous assistons donc à un affaissement collectif de l’engagement et du sens des responsabilité, ce noble ciment qui s’effrite sous le poids d’une passivité moderne savamment cultivée. Ce n’est pas tant qu’il soit mort, ce sens des responsabilités, mais il s’englue dans une fausse fatalité. « Tout est joué d’avance», « nous ne pouvons rien y faire », disent les uns. « La corruption est trop vaste », murmurent les autres, comme si reconnaître l’ampleur du désastre les absoudrait de toute tentative de résistance.
Pourquoi cette abdication ?
Peut-être est-ce le résultat d’une stratégie subtile, où l’on ne réprime pas les masses par la force, mais par le divertissement, la paresse intellectuelle, le consumérisme générant un stress et une forme de dépression chroniques. Une lassitude profonde, alimentée par une surabondance d’informations contradictoires, de fausses promesses et du traitement médiatique de certains dossiers jusqu’à l’écœurement, culpabilisants et anxiogènes, comme ce satané « réchauffement climatique ». Le citoyen, rendu apathique ou culpabilisé du fait même de respirer, est empêché de retrouver cette sainte colère qui, sublimée, peut générer des actions utiles, positives et concrètes. Il préfère le cynisme désabusé, une manière élégante de capituler sans trop se salir.
Or le cynisme n’est qu’un déguisement pour la peur. Peur de tout remettre en question et de revoir sa vie à zéro, dans ses choix intimes, ses efforts personnels, comme dans ses sacrifices inavoués. Peur de l’échec ou d’un effort qui pourrait ne mener nulle part. Peur d’avoir été et d'être dupé par ceux qui ont le mandat de nous protéger. Alors on se replie dans la fuite en avant et l’individualisme, ce refuge illusoire où l’on peut encore croire contrôler quelque chose, sa bulle personnelle, sa minuscule parcelle de réalité. Pendant que nos yeux sont rivés sur les écrans, les dirigeants continuent leur ballet, conscients qu’un peuple désabusé est un peuple inoffensif.
Planetpositive va se réinventer
Et pourtant, tout n’est pas perdu. Les braises de la révolte saine couvent toujours, même sous cette chape de résignation. Il suffit d’un souffle, une bourrasque de courage, d’espoir, d’imagination, pour que la flamme reprenne vie. La question n’est pas de savoir si le public peut encore changer les choses, mais s’il osera se lever pour tenter de le faire. Alors, plutôt que d’attendre une hypothétique sortie de l’hypnose collective, Planetpositive va prendre une autre voie pour continuer à s’investir là où un profond désir d’exister en être libre est encore présent.
Goodbye Planetpositive
C'est pourquoi, dès janvier 2025, Planetpositive n’organisera plus d'événements ni de conférences, sauf coups de cœur exceptionnels ou engagements pris en 2024. S’agira-t-il simplement d’une pause ou d’un arrêt définitif? Seul l’avenir le dira... Pour l'instant, je n'ai aucun projets en vue, sinon me laisser visiter quelques temps par un silence créateur... Me mettre en retrait pour me réinventer. Je souhaite quitter le plaisir avant que le plaisir ne me quitte et préserver en moi le fil de la merveille. Je crois que la plus belle façon d'honorer notre passage sur Terre est de dédier chaque seconde de nos journées à bâtir notre bonheur. Depuis quelques mois, je passais plus de temps à me battre contre la censure, à défendre la réputation irréprochable de nos intervenants, qu’à me réjouir de dynamiser le débat d’idées pour un public de plus en plus clairsemé. Je préfère donc tenir fidèlement mon cap de le joie par une mise en lumière de tout ce qui nous élève, plutôt que ce qui nous divise. Planetpositive a été pionnier dans l'organisation de conférences au temps du Covid. Nous avons, il me semble, rempli notre mission d'offrir pendant quatre ans un refuge à tous ceux qui se sont sentis discriminés ou en désaccord avec le système actuel.
De plus, j'ai besoin de renouvellement et recentrer mes activités, mes rencontres et mes découvertes sur mon nouveau média en ligne par souscription Planète Vagabonde, une tribune journalistique personnelle où je partage des informations, en dehors des grandes chaînes de production de la pensée « prêt-à-porter ». Je souhaite continuer à me mettre au service de la grandeur en l’Homme, la quête de vérité et la liberté de se déployer à l’infini, là où il y a du "répondant".
Pour Matthias Faeh, co-fondateur de Planetpositive, l’équilibre entre donner et recevoir n'existe plus vraiment : « Contrairement au passé, je vois que l’énergie que nous investissons dans nos événements n’est plus en adéquation avec la participation actuelle du public et l'engagement collectif. Comme Isabelle, je partage désormais la nécessité de me réorienter vers quelque chose qui me nourrit pleinement. Plutôt que vouloir partager le savoir de nos orateurs, je préfère aujourd’hui me consacrer à des projets personnels concrets. »
Avec nos bénévoles, et en particulier Daniela Almonti, nous avons tout donné depuis 2021. Puissent-ils recevoir mon immense gratitude. Pour mon plus grand bonheur, Daniela continuera à me soutenir dans mes projets futurs. Matthias aussi, essentiel à ma vie et à mes projets. Merci à notre bien-aimé public qui nous a permis d'exister! Certains parmi nos visiteurs n'ont pas rechigné à entamé leur budget pour être présents à presque tous nos événement, en soutien à nos efforts. Cela nous a profondément touchés et je ne les oublierai jamais. Vous avez été plus de 8'000 personnes à venir nous rencontrer, nous écouter et partager fidèlement ce même appétit à vivre en homme heureux et libre. Merci à tous les conférenciers qui sont venus s’exprimer chez nous dans la confiance et qui ont contribué à la réussite de nos événements.
Icaros et un colloque sur le climat closent le bal
Ainsi, la conférence avec Icaros le vendredi 29 novembre à Aubonne et notre colloque sur le climat dimanche 1er décembre à Nyon, seront les derniers événements proposés par Planetpositive. Je suis heureuse de recevoir comme dernier invité l'un de mes orateurs préférés, car Icaros propose une lecture multidimensionnelle des forces involutives et évolutives qui s'affrontent actuellement avec le Graal en l'Homme pour enjeu. Nous espérons sincèrement vous y voir nombreux, car nous souhaitons dire au revoir à tous les amis de Planetpositive après quatre années d’une aventure si riche, profondément humaine et palpitante. Je resterai reliée à notre public et à mes lecteurs par les réseaux sociaux et mon média indépendant, Planète Vagabonde.
Ne pas renoncer, mais changer de cap
Organiser plus d’une centaine de conférences, pour beaucoup mises en ligne gratuitement sur ma chaîne youtube, c’était pour moi déployer une grande voile blanche, tendue d’espoir et d’amour pour mes semblables, en quête d’un souffle collectif capable de nous propulser vers un horizon plus éclairé. Mais que faire lorsque le vent faiblit, lorsque la mer devient un miroir figé, et que les regards des passagers se perdent dans une torpeur muette ?
Dans mon engagement inconditionnel pour la liberté d'expression, je ne renonce à rien, mais je change de cap et je ferais autrement. Passionnée par le Vendée Globe que je suis au quotidien depuis le 10 novembre (course autour du monde à la voile en solitaire et sans assistance), je sais que pour tout marin, il n’y a rien de pire que de rester immobile, prisonnier d’un calme plat, tomber dans une "molle", comme ils disent. Là où le souffle fait défaut, là où le courant s’assèche, il faut accepter de plier la voile et d’aller chercher d’autres vents, ceux qui répondront à l’intensité de notre foi, à l’ardeur de notre amour pour la vie et cette planète.
Nous repartons donc là où le vent nous appelle, là où le souffle de la vie sera assez puissant pour conduire notre joyeuse caravelle vers des territoires abondants, en Suisse ou à l'étranger. Je sais que quelque part, au détour d’un autre rivage, la voile trouvera à nouveau de quoi se gonfler. Et avec elle, la promesse d’un nouveau voyage, porté par ce désir inextinguible de voir l’humain reprendre les rênes de son existence. Et dans cette traversée merveilleuse, je vous invite à poursuivre ensemble cette chevauchée amoureuse sur Planète Vagabonde.
Isabelle Alexandrine Bourgeois Découvrir Planète Vagabonde
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Chère Isabelle
Comme je te comprends !
Ta rencontre et ton travail m’ont aidés dans ce chemin aujourd’hui.
Toute ma gratitude pour ta générosité tout le long de ces années .
(Pour les conférences elles sont toutes , à voir , à suivre , passionnantes , in contournantes en revanche, c’est difficile pour le petit budget de s’inscrire à toutes )
Je continuerai à te soutenir dans ce travail journalistique,
Que l’amour , la paix , et la joie soit au quotidien de ton destin .
Toute mon affection
Enza