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Exemple illustratif d'une interview de la presse conventionnelle aujourd'hui. Préoccupant, mais pas désespérant.

Je suis de plus en plus absourdie de voir combien mes confrères et consoeurs sont nombreux à se faire "embedded" dans leur profession. Kesako? Ce mot signifife " Attaché(e) " et vient de l'américain "embedded " qui qualifie un professionnel de la communication, un journaliste, spécialement "embarqué " par les institutions aux fins de vanter leurs dispositifs ou leurs politiques. Le journaliste ne joue plus son rôle de garde-fou du système en questionnant les dirigeants et les décideurs sur le bien-fondé de mesures publiques, économiques et sociales qu'ils imposent aux citoyens. Au contraire, il devient le bras "communiquarmé" de la propagande d'état, libre et consentant. L'épisode de la venue de Louis Fouché en Suisse en début d'année m'a démontré combien les journalistes qui m'ont approchée avaient déjà leurs aprioris sur le médecin anesthésiste français et décidé préalablement de l'angle que prendrait leur article. Jugez par vous-mêmes! Voici donc les questions qui m'ont été soumises par la journaliste de la Tribune de Genève et 24heures, Catherine Cochard, le jeudi 15 février 2024 avec mes réponses. Je pense qu'il s'agit d'un magnifique cas d'étude à présenter à la Formation des jeunes journalistes de notre pays et ailleurs sur le contraire de l'objectivité en journalisme.

1.     C. C. :Pourquoi inviter Louis Fouché?

Isabelle A. Bourgeois En qualité de journaliste et organisatrice d’événements, je soutiens le débat public et la liberté d’expression, cruellement mise à mal depuis la crise Covid. Louis Fouché a toute latitude pour exercer sa liberté d'expression et je trouve curieux, qu’en qualité de journaliste, vous tentiez de la restreindre. La majorité des médias se radicalisent et nous infligent un monopole de la vérité. Le rôle déontologique des journalistes n’est pas d’orienter l’opinion publique. Je respecte la liberté des individus à user par eux-mêmes leur esprit critique. Ce n’est pas à nous, journalistes, de façonner leurs pensées. Notre mission est plutôt de leur proposer des espaces de questionnements et de réflexions sous plusieurs angles sur des thèmes d’actualité. Je vous invite d’ailleurs à consulter le nouveau livre corédigé par une vingtaine de journalistes romands « Sans diversité de vues, pas de journalisme » coordonné par la journaliste Myret Zaki et auquel ont collaboré notamment l’ancien rédacteur en chef de la Tribune de Genève, Guy Mettan, Jacques Pilet, fondateur de L’Hebdo et du média Bon pour la Tête ou Pascal Décaillet, journaliste auprès de Léman Bleu. Ils y dénoncent le risque de « mort sociale » et de « monoculture idéologique ». Je suis donc loin d’être la seule à vouloir protéger le débat public. J’ai quitté le journalisme de presse, mais je reste une reporter fidèle à mon métier et à la Déclaration des devoirs et des droits des journalistes qui doivent (art.2) « défendre la liberté d’information et les droits qu’elle implique, la liberté du commentaire et de la critique, l’indépendance et la dignité de la profession ».

En outre, j’aime offrir un service au grand public qui puisse nourrir la réflexion et manifestement, les propos de Louis Fouché intéressent les gens qui ont envie de l’entendre, puisque toutes ses interventions en Suisse sont régulièrement complètes.

2.    C.C. :Pourquoi, par souci de transparence, ne pas indiquer à l’attention des personnes qui s’intéressent à suivre cette conférence qu’il a été condamné à trois mois d’interdiction de pratiquer la médecine? Isabelle A. Bourgeois : Quel rapport avec son droit à s’exprimer librement ? Il y a un appel en cours et cet appel est suspensif de la condamnation. Est-ce que le conseiller d’État genevois Pierre Maudet, malgré une condamnation pénale, bien confirmée, elle, a été censuré, empêché de s’exprimer en public ou même d’être élu ?

 

3.    C.C. :Louis Fouché a tenu à plusieurs reprises des propos polémiques. Il a par exemple dit sur FranceSoir “Il n'y a pas de raison que Bill Gates décide de la politique sanitaire d'un État, c'est juste pas normal. Donc moi aussi j'ai peur de Bill Gates en vrai [...]. Il y en a qui ont peur que ce soit un virus synthétique qui a été balancé dans la nature. Moi je pense qu'il faut explorer ces questions-là, il faut explorer toutes ces peurs. [...] Il y a des gens qui font des bouffées délirantes aiguës, qui se demandent... ouais ! si c'est pas un complot de multimilliardaires qui décident de prendre le contrôle sur nos États, à qui on donne des neuroleptiques pour les faire taire. Donc je pense que toutes ces questions-là elles sont importantes.” Ces affirmations ne reposent sur rien et il n’apporte pas des preuves de ce qu’il avance. N’est-ce pas soutenir ces dires que de l’inviter? 

Isabelle A. Bourgeois : Dans cet interview, Louis Fouché ne faisait que reprendre les peurs qui agitaient la société pendant la crise Covid. Il n’avançait rien, mais émettait des hypothèses. Il énumérait simplement des craintes qui n’étaient pas les siennes. Tout le monde avait peur de quelque chose. Il n’infirmait ou confirmait aucune de ces peurs. Et depuis quand inviter, c’est cautionner ? Est-ce que lorsque la RTS invite, à la radio ou à la télévision, une personnalité politique à s’exprimer pendant une campagne électorale, cela signifie que toute la chaîne valide ses propos ? En tant que journaliste, je ne veux pas tomber dans un dogmatisme sectaire et paranoïaque nuisible à nos démocraties, mais plutôt promouvoir un journalisme d’ouverture, d’indépendance, d’inspiration et de respect de la diversité des opinions. Quant à Bill Gates, je pense qu’un homme d’affaires, un multimilliardaire non élu et sans aucune connaissance médicale, ne devrait absolument pas s’immiscer dans la politique sanitaire mondiale, surtout quand cela pourrait servir ses intérêts. C’est en tout cas un débat que les médias publics ont l’obligation d’organiser.

4.    C.C. :Louis Fouché a aussi dit à propos du vaccin ARN et sans preuve scientifique de ce qu’il avance: “Si vous développez des anticorps contre ce petit morceau là, peut-être vous risquez d’être infertile, d’être stérile.” Ne considérez-vous pas que cela est problématique, culpabilisant, pour les femmes? Isabelle A. Bourgeois : Ces propos, repris par le Dr. Fouché, sont de Michael Yeadon, ancien vice-président de Pfizer qui a dit lui-même qu’il y a des preuves que les personnes vaccinées voient leur fertilité réduite. En France, le Sénat a reconnu les effets indésirables du vaccin, dont des troubles graves sur les cycles menstruels.  À la suite d'une pétition déposée au Sénat en 2022, la commission des affaires sociales a saisi l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) sur l'état des lieux des effets indésirables consécutifs à la vaccination contre la Covid-19.  Les autorités ont reconnu que les vaccins sont à l’origine, entre autres, de troubles menstruels. En quoi est-ce culpabilisant pour les femmes de les informer des conséquences potentielles de ces vaccins sur leur santé ?

Aussi, avez-vous entendu parler du collectif « Où est mon cycle » fondé par Mélodie Feron qui vient de publier son ouvrage « Où est mon cycle? Et toi, où est le tien ? » et dans lequel elle raconte son combat et la souffrance de ces femmes privées de leur souveraineté corporelle suite aux injections contre le Covid-19 ?


C.C. :Et que pensez-vous de ses positions contre l’avortement et contre la PMA?  Isabelle A. Bourgeois: Que cela soit clair : je ne défends par Louis Fouché, ni aucun de nos conférenciers en particulier, mais bien la liberté d’expression, qui est la raison d’être du choix de mon métier de journaliste, de même que mon amour pour les humains et la vie. Cela dit, à ma connaissance, le Dr Fouché n'a jamais pris position publiquement pour ou contre l''IVG ou l'avortement. Il a simplement donné à voir la complexité des enjeux éthiques. Les informations sur les questions relatives aux cycles menstruels, à la fertilité et à la vaccination anticovid qu'il a communiquée au public sont strictement factuelles et ont toujours été étayées par des données médicales et scientifiques, contrairement aux affirmations connotées de vos questions. Vous pouvez d'ailleurs retrouver une synthèse des informations scientifiques qu'il a produites ici:

 

5.    C.C. :Comptez-vous donner ces éléments de contexte au public lors de la conférence de Louis Fouché le 24 février?  Isabelle A. Bourgeois: Mais bien évidemment que je vais partager ces informations, puisque je fais mon travail de journaliste et que je vais tendre le micro à mon invité pour lui demander où il en est avec le Conseil de l’Ordre des Médecins. Je suis surprise par vos questions ! Êtes-vous journaliste ou faiseuse d’opinions ? Je m’étonne qu’un grand journal comme la Tribune de Genève où j’ai fait avec fierté mon stage de journaliste pendant mes études en Sciences Politiques en 1991 se permette à ce point d’orienter ses questions. Au nom de quelle légitimité les médias doivent-ils se positionner en arbitre dans une discussion publique ? Est-ce que 24Heures et la Tribune de Genève seraient devenus les défenseurs des groupements pour l’avortement et de la PMA (procréation médicalement assistée) ? Vos lecteurs ne sont-ils pas en droit de recevoir une information factuelle, neutre et impartiale ? Personnellement, je pense que la seule posture valable en démocratie est celle de laisser le citoyen se faire son propre jugement.


Conclusion: Finalement, le journal n'a jamais repris mes réponses et a préféré faire ses choux gras avec la lettre adressée au Syndic de Lausanne par une dizaine de conseillers communaux de gauche l'invitant à interdire la location de salles à des "conférenciers subversifs". Aaaah, ces politiciens qui s'octroient la primauté de définir le Bien et le Mal et qui veulent nous imposer leur Vérité pour notre bien... N'est-ce pas déjà le bruit des bottes du totalitarisme?


Cette nouvelle attitude dans les médias conventionnels est préoccupante, car elle oriente le lecteur dans la direction que la presse considère comme étant la seule valable. Mais elle n'est pas désespérante, car d'une part, de plus en plus de citoyens expriment ouvertement leur agacement de se voir ainsi materner et d'autre part, les journalistes restent des humains évolutifs que le bon sens et la raison peuvent toucher et conquérir par le dialogue et le respect de la diversité des opinions.


Isabelle A. Bourgeois


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