Beaucoup parmi vous me suivent depuis de nombreuses années. Ils savent que cela fait plus de 40 ans que je cherche cette porte d’entrée improbable vers la paix en soi et dans le monde, que je me perds parfois avec désespoir dans le labyrinthe tortueux de l’apprentissage de l’amour inconditionnel.
Dans cette quête de mise en œuvre personnelle et collective d’harmonie, j’ai tout essayé : le journalisme d’enquête pour dénoncer les injustices, les reportages sur la beauté et la joie, un Tour du Monde pour la Paix, la lecture des Sages pour trouver un sens aux mouchoirs pleins de larmes ou l’exploration des traditions spirituelles millénaires pour dénouer la pelote sans fin d’ombre et de lumière. J’ai brièvement flirté avec le New Age et son idéologie bisounours ; j’ai effectué quelques immersions dans le développement personnel pour apprendre à déposer les armes, j’ai sautillé comme un kangourou dans une rencontre avec mon animal-totem. J’ai aussi pratiqué la voie humanitaire: pendant 15 ans, j’ai travaillé au cœur des conflits armés pour réconforter des victimes éprouvées. Mais après un atterrissage brutal de mon égo bien-pensant, j’ai compris que nos bonnes consciences foutaient, en fait, le bordel ! Puis est arrivé le Covid ! Ah le Covid… Je tenais enfin la clé ! J’allais sauver le monde en changeant de stratégie, en faisant péter, comme du papier-bulles, les mensonges des autorités, à travers les nombreuses conférences de la dissidence organisées par Planetpositive… Or, au lieu d’éradiquer la douleur collective, j’ai vu se renforcer la polarisation des extrêmes!
Malgré mes efforts divers et variés à semer des Barbes à Papa et des pâquerettes, la guerre reste, pardonnez ma grossièreté, la “crotte au cul” de l’Humanité.
Alors, bon sang, parmi ces approches en serpentins, laquelle pourrait bien faire descendre la paix sur Terre ? Comment ouvrir l’accès à cette attitude intérieure qui contribue à désamorcer la guerre en soi et autour de nous?
Le sentier caché ne serait-il pas, au fond, la non dualité? Comme le disait joliment Arnaud Desjardins, être non dualiste, c’est « être à la fois la vague et l’océan en même temps ». C’est être avec les événements du monde dans une adhésion totale à ce qui est. C’est remplacer le refus et le NON par le OUI inconditionnel.
Mais comment dire OUI aux violences, dont nous sommes témoins ou que nous subissons ? Est-ce que la non dualité, si chère à la philosophie Vedanta, ne serait-elle pas LE remède pour libérer l’humanité de son acnée de grande adolescente qui la défigure depuis si longtemps?
Cela dit, il ne faut pas confondre la non-dualité avec le non-engagement ou une posture molle et complaisante face aux souffrances ici-bas. Il me semble tout à fait juste de faire barrage à la dérive des valeurs culturelles et sociales qui nous coupent de nos racines profondes, de notre origine spirituelle et qui mutile des générations d’enfants et d’adolescents au nom du “droit à la perception”. Mais voilà: toute la difficulté est de trouver le juste milieu entre le NON aux abus et le OUI aux différences.
Pratiquer la non-dualité, c’est bel et bien prendre position et nommer les choses inacceptables, c’est s’engager concrètement pour le respect de la vie, MAIS à partir d’un niveau en soi apaisé, celui de l’observateur divin, qui voit en l’autre, derrière des comportements peut-être incompréhensibles, une âme aussi lumineuse que la nôtre.
Dans cet engagement pour une vie meilleure, à la colère, aux ressentiments et à la peur, (ce qui ne fait que renforcer les répétitions de l’Histoire ou du Karma), je préfère les actes inspirés par l’humour, la grandeur d’âme et la joie. Einstein disait : « Aucun problème ne peut être résolu sans changer le niveau de conscience qui l’a engendré. » J’aime cette approche de « désentificAction »!
C’est ainsi que nous pouvons transformer notre réalité individuelle et collective vers plus d’harmonie et arrêter de nourrir les forces prédatrices par nos vibrations et nos émotions les plus basses.
Continuons à chevaucher la vie avec hardiesse, à coller des post-it positifs partout sur les murs de notre quotidien, à oeuvrer par le coeur et l’esprit le plus pur en soi. Et tant pis pour les chutes! Il faut remonter en selle, dans la joyeuse poussière des amoureux du monde. Isabelle Alexandrine Bourgeois
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