J'aurais du décoller à 10h10 hier matin depuis le magasin de peintures Buffat & Fils SA à Yverdon qui me prête gracieusement la voiture, mais c'est finalement à 15h que j'ai quitté la ville! Se familiariser avec une petite Fiat vintage de 1970 est une véritable initiation! C'est comme être bûcheron et apprendre la découpe de papier de scènes des Alpes vaudoises! La prise en main nécessite une concentration de dentellière, en ce qui me concerne. Il faut la caresser du bout des doigts, tendre l'oreille sous le capot, ne pas claquer les portières au risque de finir tout épluchée, tourner délicatement les clés dans les 3 serrures (porte, coffre et contact), tirer sur le démarreur sans noyer le moteur, changer la roue, monter le cric au bon endroit, manipuler les petites fenêtres latérales avec douceur, bien doser l'additif, ranger autour du réservoir à essence les chiffons contre les éclaboussures potentielles d'essence ou d'huile. Après quoi, il faut ranger un mois de bagages pour moi et Lovski sur une surface d'un mètre carré. Patrice Buffat et José Resende, mes deux anges gardiens, m'ont chacun patiemment prodigué mille et un conseils pour que la petite "Dolcezza" m'accompagne le plus loin et le plus longtemps possible. Avec une telle attention, je risque bien de crever avant elle! lol
Et en même temps, Jose me raconte comment il a volé d'Yverdon en Afrique du Sud dans son "Cricri", une espèce de libellule volante qui ne pèse pas plus de 80 kg! Il me montre les pièces détachées dans son atelier, à côté du piano de son fils, le tout jeune pianiste surdoué Alexandre.
Dans l'après-midi, j'ai fais mes adieux à mes deux bienfaiteurs et Lovski et moi avons pris la route pour l'Italie. Sur les premiers kilomètres, j'ai eu un peu la boule au ventre. Je me sens bien vulnérable dans cette petite coquille de tôle, froissable comme du papier de soie. Un gros camion distrait ferait de moi une tête de punaise. Mais petit à petit, j'apprivoise cette exquise mécanique. Je tombe déjà amoureuse du bruit de son moteur, si caractéristique de la Fiat 500 ancienne qui me rappelle mon enfance et ma grand-mère adorée. Et le succès est déjà au rendez-vous! Je n'ai rien à faire, la joie se sème d'elle-même. Beaucoup sur la route me font des appels de phare, me salue à grands bras, sourient au passage de Dolcezza ou klaxonnent joyeusement. La quinqua assumée, je me vexe à peine de passer tout à fait au second plan. Il y a 20 ans, s'est sur mon carénage qu'on se retournait. Aujourd'hui, on n'a d'yeux que pour Dolcezza! C'est ok et c'est mieux que rien!
Première escale à Thoune
Après deux heures de route, je décide de faire une escale dans la région de Thoune, à Spiez, pour ce que j'espérais être une nuit magique sur la paille. Je me suis dit que démarrer mon aventure sur des bottes de foin était de circonstance! Le rêve a vite viré en galère, et la botte, c'est au c.. que je l'ai reçue! Non seulement les explications pour trouver la grange étaient incompréhensibles, mais lorsque j'y suis finalement arrivée, je me suis retrouvée devant une étable abandonnée qui était un véritable dépotoir. Vieux bidons empilés, planches de bois pêle-mêle, herbes non fauchée, planches pourries et toitures bancale, caravanes et camping-car envahis de végétation et j'en passe.... J'ai fait trois fois le tour de la grange, mais je n'ai jamais réussi à trouver la porte d'entrée, ni l'emplacement où dormir sur la paille! Finalement, c'était tellement lugubre que je me suis tirée de ce get-apens. Je suis donc repartie bredouille et plumée de 66 francs, dont 10 francs de frais de ménage, dont on se demande bien pourquoi! Le pompon! N'allez donc jamais, Ô grand jamais ici! Et ne vous fiez pas aux photos qui ne correspondent en rien à la réalité! Je dois avouée que bien fatiguée après cette longue journée d'émotion, j'ai commis l'erreur de ne pas avoir lu les avis sur Airbnb avant de réserver ma place et j'ai découvert, malheureusement trop tard, que de nombreux voyageurs avaient été aussi consternés que moi! Mais comme à "tout malheur, quelque chose est bon", et parce que sur Planète Vagabonde rien n'est un problème, une adorable villageoise m'a indiqué le nom d'une famille non loin de là qui louait une chambre. Et j'ai atterri dans un petit paradis que je vous recommande chaleureusement. J'écris ces lignes depuis un vieux chalet de caractère, orné de mille géraniums colorés, avec une vue imprenable sur le lac de Thoune, avec un accueil plus que généreux par Rosemarie et Waler Loosli à Einigen. Je tiens à informer mes lecteurs que j'ai pour principe de régler tous mes frais de voyage, y compris hébergements et restaurants, afin de me sentir libre de les recommander ou non. Ce matin, je reprends la route en direction des Grisons.
Lovski et sa petite maîtresse fins prêts pour l'aventure!
Le Père (à droite), le Fils (à gauche) et le Saint Esprit pour bénir le roadtrip!
Jose Resende, le roi de la restauration de voitures anciennes est aux petits soins pour Dolcezza qui s'offre un bon bol d'air avant de prendre la route.
Vue spectaculaire depuis ma chambre chez Rosmarie et Walter Loosli à Einigen.
Contrairement à la grange fantôme à 1 km de là, ici, tout est accueillant et soigné. Les Suisses-allemands comme on les aime!